Période 1760-1788 : Lalande et ses élèves

Jérôme Lalande remplace Maraldi II en décembre 1758 et la Connaissance des temps évolue notablement. Elle va passer de 220 pages environ à près de 400 pages avec l’introduction progressive de tables plus précises et de nombreuses additions, comme autant de mémoires scientifiques et nouveaux de l'astronomie en développement. Lalande parvient très rapidement à publier la Connaissance des temps 18 mois à l'avance et ce décalage va constituer désormais un standard, un objectif de publication pour ses successeurs. À partir de 1774 (publication en 1772) on passera à 10 pages d’éphémérides mensuelles et à 400 pages puis à 12 et 14 pages d’éphémérides mensuelles par la suite. Les éphémérides intègreront la nouvelle planète « Herschel » à partir de 1786. A noter que l’on donne aussi les positions des étoiles principales, leurs distances à la Lune, les valeurs de la précession et de la nutation : la Connaissance des temps s’adresse bien aux marins (cela apparaîtra dans le titre de la Connaissance des temps pour 1789. Outre les prédictions de phénomènes (éclipses, passages de Vénus), on trouvera aussi les observations de certains phénomènes tels les passages de Vénus, les éclipses des satellites de Jupiter, des mesures de longitude et des observations météorologiques. On y donne aussi la méthode pour mesurer la longitude soit à partir des observations de la Lune soit à partir de l’observation des éclipses des satellites de Jupiter.

 

Note historique :

Lalande fait de la Connaissance des temps un ouvrage personnel en multipliant les Additions ; mais il réalise aussi une mise à jour des tables et des éphémérides astronomiques en tenant compte des derniers progrès de l’astronomie théorique et observationnelle. Sous la pression des officiers de l’Académie royale de Brest favorables à une traduction du Nautical Almanac anglais, Lalande intègre les tables des distances lunaires dans la Connaissance des temps juste avant de devenir pensionnaire de l'Académie royale des sciences en décembre 1772 (Connaissance des temps pour 1774) et de laisser sa place à l’un de ses élèves Edme-Sébastien Jeaurat. Les distances lunaires sont calculées sur le méridien de Greenwich, Nevil Maskelyne envoyant aux astronomes français les calculs effectués pour le Nautical Almanac. Lalande, Jeaurat et Méchain font appel à des collaborateurs extérieurs, qui signent des additions, des tables, des calculs, des cartes, et sont aussi rédacteurs d’additions ; leurs noms sont signalés dans la Connaissance des temps. Ces « collaborateurs spontanés » sont des calculateurs recrutés et rémunérés par Lalande sur ses fonds propres, dont Nicole Lepaute sera l’une des plus actives. Certains connaîtront une activité assez longue, jusque dans les années 1804-1806. Les éphémérides de la Lune sont calculées en partie sur les tables de Tobias Mayer, en partie sur celles d’Alexis Clairaut. Les éphémérides des planètes sont toujours calculées sur les tables de Halley révisées par Lalande. L’optique instrumentale ayant fait de gros progrès, Lalande entreprend une révision systématique et élargie de tous les catalogues d’étoiles, ceux de Flamsteed, de Bradley et de Lacaille en plaçant sa fille naturelle Amélie (alias Marie-Jeanne Harlay) et son neveu Michel LeFrançois (futur époux d’Amélie) à l’observatoire de l’École militaire, et ses plus fidèles « coopérateurs » à l’observatoire du Collège Royal (futur Collège de France).