Période 1979-1998 : la révolution informatique

 

La période de transition a lieu en 1979 où deux volumes distincts  de la Connaissance des temps vont être publiés : un volume similaire aux précédents avec 645 pages, son avertissement, et un volume dit de « nouvelle série » qui ne contient plus que 130 pages. Le contenu est complètement différent de la Connaissance des temps précédente. Aucune position d’astre n’est donnée ! On trouve seulement des tables de coefficients qui, entrés dans une petite calculatrice de poche (les ordinateurs personnels n’existent pas encore), permettent de calculer les positions souhaitées avec une grande précision, meilleure que celle obtenue par interpolation des tables. Les volumes de la « nouvelle série » seront publiés par le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine) jusqu’en 1996 où les Éditions de Physique (qui deviendront EDP Sciences) prendront le relais.

Cette période consacre l’utilisation de l’informatique pour le calcul des éphémérides aussi bien pour le fabricant que pour l’utilisateur. L’utilisation généralisée de calculatrices électroniques de bureau rend obsolète l’interpolation des tables. Les astronomes vont pouvoir se consacrer à l’étude approfondie de la dynamique du système solaire apportant une amélioration constante des éphémérides. Le modèle de Le Verrier aura duré plus d’un siècle mais les suivants se succéderont plus rapidement. L’exploration spatiale en sera aussi le moteur.

La Connaissance des temps passe donc à 130 pages à partir de 1979 : on n’y trouve plus les éphémérides tabulées ni les heures de lever et coucher de Soleil que l’on avait depuis 1679 (ils continuent à être publiés dans l’Annuaire du Bureau des longitudes) mais une représentation des éphémérides avec des coefficients de Tchébycheff. Tous les renseignements qui figurent dans l’Annuaire du Bureau des longitudes ont disparu de la Connaissance des temps (comme les données sur les calendriers).

La Connaissance des temps va ensuite encore évoluer avec les progrès de l’informatique en cherchant  à publier plus de données utiles à la compréhension et à l’élaboration des éphémérides. Le service des calculs et de mécanique céleste est alors un laboratoire de recherche associé au CNRS (à partir de 1979). Trois directeurs vont se succéder durant cette période : Bruno Morando (qui a succédé à Jean Kovalevsky en 1971), Jean Chapront (de 1985 à 1992) et Jean-Eudes Arlot (de 1993 à 2002).

La Connaissance des temps de 1996 va proposer des textes bilingues français-anglais. On va y trouver aussi les éphémérides des principaux satellites des planètes. Contrairement aux planètes dont les positions sont données sous forme de coefficients de Tchébycheff, les satellites seront sous la forme de fonctions mixtes qui limitent le nombre de données à publier et surtout, à entrer dans les calculatrices pour obtenir les positions.

Note historique

En juin 1998, un décret va séparer le service des calculs et de mécanique céleste du Bureau des longitudes. Cependant, la loi du 7 Messidor an III de la République n’a pas été abrogée et le Bureau des longitudes est toujours l’organisme chargé des éphémérides. Le service des calculs et de mécanique céleste devient l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides. Après de longues discussions (de 1994 à 1998), le statut de ce nouvel institut est celui d’un institut à l’intérieur de l’observatoire de Paris bénéficiant d’une certaine autonomie, en particulier pour la gestion de ses postes de calculateurs, transformés en techniciens de formation et de recherche mais affectés spécifiquement au nouvel institut.

Cette modification administrative ne laisse plus au Bureau des longitudes qu’un regard lointain sur les éphémérides. La Connaissance des temps de 2000 (publiée en 1999) est la première à être publiée par le nouvel institut. Le Bureau des longitudes n’est plus le seul auteur de l’ouvrage mais reste le décideur des éphémérides à publier ou non. Il est à noter que le CNRS, via l’INSU (Institut National des Sciences de l’Univers) a officiellement intégré les éphémérides dans les tâches de service des astronomes. L’INSU n’empiète cependant pas sur les prérogatives du Bureau des longitudes, les tâches de service des astronomes étant liées à la recherche astronomique ou spatiale alors que le Bureau des longitudes a une appréciation plus large du problème (la Défense, la Marine, l’Armée de l’Air, l’Equipement ont des représentants au Bureau des longitudes et ont leur mot à dire sur les éphémérides).