Période 1701-1760 : l’Académie royale des sciences jusqu’à Lalande

Les articles nouveaux et les additions vont prendre de l’ampleur puisque la Connaissance des temps passe d’une centaine de pages en 1706 à près de 200 pages à partir de 1707. Une table des matières plus complète verra le jour à partir du volume de 1708. Des observations seront régulièrement publiées dans les additions. La présentation des éphémérides change aussi vers cette époque par regroupement mensuel. À partir de 1707, la présentation des éphémérides change : pour chaque mois il y a désormais 6 pages d’éphémérides au lieu de 2. On rassemble mensuellement toutes les éphémérides avec une tabulation plus courte. Puis, dans les avertissements de 1705 à 1731 on trouve cette phrase curieuse étant donné qu’il n’en avait jamais été question auparavant : « On ne trouvera icy aucunes prédictions parce que l'Académie n'a jamais reconnu de solidité dans les règles que les Anciens ont données pour prévoir l'avenir par les configurations des Astres ». C’est la première fois qu’une allusion est faite à l’astrologie à part dans le premier volume où l’on plaisante sur les autres almanachs. L’astrologie semble réapparaître dans la société au début du XVIIIème siècle pour que l’on ressente le besoin d’y faire allusion dans l’avertissement.

À partir de 1707, nous entrons dans une période de grande stabilité jusque vers 1760. Le rédacteur de l’éphéméride est désormais nommé et identifié comme membre de l’Académie royale des sciences. La Connaissance des temps sera alors en général publiée un an à l’avance (mais pas toujours, certaines fois en début d’année et, à partir de 1761, sous l’impulsion de Lalande avec presque deux ans d’avance). Les satellites de Jupiter seront insérés dans les éphémérides mensuelles à partir de 1735 et non plus en annexe. Le privilège du roi disparaîtra en 1726. À partir de 1730 (et jusqu‘en 1789), la rubrique « Additions » disparaît bien que des articles qui y ont leur place figurent toujours dans la Connaissance des temps.

En 1730, Louis Godin remplace Lieutaud et apporte de nouveaux changements. Dans la Connaissance des temps de 1808 (publiée en mai 1806), Delambre dira de lui : « (il) purgera la Connaissance des tems de ce reste de l’ancienne astronomie, ou, pour mieux dire, de l’astrologie judiciaire ; … Il donna le premier l’ascension droite du Soleil et les éclipses des trois satellites supérieurs de Jupiter… ». Effectivement, c’est à cette date que l’on trouve les éclipses des quatre satellites de Jupiter et non plus seulement celles de Io. La typographie change et s'affine : les chiffres sont plus petits, plus lisibles et les tables gagnent en lisibilité (traits moins grossiers).

En 1735, Jean-Dominique Maraldi, dit Maraldi II (le neveu du Maraldi dont on utilise les tables) remplace Godin. Les configurations des satellites de Jupiter apparaissent alors dans la Connaissance des temps en sus des dates d’éclipses. Maraldi donne aussi quelques éléments utiles pour la navigation et qui figurent dans les traités de navigation de l'époque (comme les arc semi-diurnes par exemple). Enfin, Maraldi insère la localisation et les adresses des membres de l’Académie royale des sciences et de leurs correspondants en fin de volume, donnée précieuse pour les historiens des sciences et qui contribue à faire de la Connaissance des temps à l’époque des Lumières un ouvrage d’une portée historique et archivistique très grande.

 

Note historique :

Jusqu’en 1740, les tables astronomiques employées pour le calcul des éphémérides sont principalement celles établies par les astronomes La Hire au début du XVIIIe siècle. Après 1740, elles sont remplacées par les tables que publie Jacques Cassini (ou Cassini II) la même année. Très vite, les tables de l’astronome anglais Edmund Halley vont être traduites, revues et corrigées par Lalande et Chappe d’Auteroche et employées pour le calcul des éphémérides. Pour les satellites de Jupiter, ce sont les tables du suédois  Wargentin qui vont rapidement recueillir la préférence des astronomes.