Souchon, Abel

Né le 27 juillet 1841

Mort le 3 janvier 1906

Membre adjoint du Bureau des longitudes, auteur d’un mode d’emploi de la Connaissance des temps, 1875-1906 †.

Abel Souchon est né à Toulouse en juillet 1841. Il entre comme auxiliaire à l’observatoire de Paris en 1872, il est nommé aide-astronome en 1874. Le Verrier écrivait au ministre à son sujet le 17 août 1874 :

« Monsieur Souchon est un aide-astronome nommé tout récemment mais dont on n’a rien pu tirer depuis que sa position a eu la garantie ministérielle. Il s’est classé immédiatement parmi ces fonctionnaires récalcitrants et paresseux qui se croient indépendants dès qu’ils ont une nomination officielle […] J’ai l’honneur de vous proposer [de frapper] son traitement d’une retenue de deux jours par chaque jour d’absence à partir du 27 juillet dernier. »

Il quitte l’Observatoire l’année suivante ayant été nommé le 1er juillet 1875 membre adjoint du Bureau des longitudes, chargé des calculs de la Connaissance des temps et de l’encadrement scientifique à l’observatoire de Montsouris.  Ses débuts sont difficiles sur deux plans : contesté par Maurice Loewy pour les calculs de la CDT d’une part, puis par Ernest Mouchez pour ne pas remplir ses fonctions d’assistant à Montsouris :

« M. Loewy en parlant de la Connaissance des Temps et répondant à l'interpellation du Président sur l'avancement de la Connaissance des temps dit que le travail est en retard, parce que M. Souchon ne met pas d'activité dans son travail, qu'il lui en fait l'observation plusieurs fois, mais qu'il n'en tient aucun compte. »1

Après quelques rappels à l’ordre plus ou moins sévères, Souchon finit par satisfaire à peu près le Bureau tout en prenant quelques libertés avec ses obligations de service. Le 9 octobre 1882, le Bureau reçoit des « Mémoires pour servir à l'histoire de l'astronomie pratique, par M. Souchon, membre adjoint du Bureau des longitudes » sans autres commentaires ou remerciements. En 1883, Abel Souchon publie son Traité d’astronomie pratique contenant l’exposition du calcul des éphémérides. Ce n’est pas une commande du Bureau des longitudes qui, à cette époque, est davantage préoccupé par des problèmes de discipline avec son adjoint. Souchon règle donc seul et de son côté l’impression de son ouvrage par Gauthier-Villars, l’imprimeur officiel du Bureau des longitudes. Admirons le paradoxe.

L’ouvrage de Souchon est donc publié à un moment où le volume de la CDT explose et va atteindre les 1000 pages, où le « Service des calculs » est officialisé, et les calculateurs progressivement titularisés dans l’optique de réduire le nombre d’auxiliaires. Attaché à la rédaction de la CDT, Souchon remplit mollement ses obligations laissant le champ libre aux calculateurs aux responsabilités croissantes au sein du Bureau, Léopold Schulhof, Henri-Eumène Roche et Henri Rocques-Desvallées.

Enfin, le Traité d’astronomie pratique contenant l’exposition du calcul des éphémérides est publié dans un contexte d’une nouvelle contestation publique de la qualité de la Connaissance des temps prononcée par l’astronome célèbre Otto Struve de passage à Paris devant l’Assemblée de la Société de Géographie de Paris durant l’année 1875. C’est l’ingénieur-hydrographe Adrien Germain (1837-1895) qui prend la défense des éphémérides et remet les choses à plat. C’est à Adrien Germain que nous avons emprunté l’expression « bréviaire pour les astronomes et les marins » pour désigner la CDT ! Nous en faisons l’analyse dans le Dossier thématique DTH-1.

Il a publié quelques papiers d’intérêt secondaire dans les Astronomische Nachrichten en 1879 (sur Japet) et 1880 (sur l’Exposition du Monde de Laplace). L’activité éditoriale de Souchon n’est pas anecdotique. Il a publié les ouvrages suivants, où la partie historique est importante : Éléments de calcul différentiel et de calcul intégral (1870, 2 vols., Paris, Arthus Bertrand) ; Traité d’astronomie pratique (1883, Paris, Gauthier-Villars) ; Traité d’astronomie théorique contenant l’exposition du calcul des perturbations planétaires et lunaires (1891, Paris, Carré) ; La construction des cadrans solaires (ses principes, sa pratique) précédée d’une histoire de la gnomonique (1905, Paris, Gauthier-Villars).

Abel Souchon est mort le 3 janvier 1906 à Versailles. En février, la (jeune) veuve d’Abel Souchon sollicite un secours auprès du Bureau des longitudes et Loewy appuie sa demande :

« M. Loewy expose que Mme Souchon, mariée depuis 5 ans et 6 mois seulement à l'ancien membre adjoint du Bureau, n'a pas droit à une pension de retraite, quoique son mari eut rempli les conditions pour avoir lui-même droit à une telle pension. Il y aurait à écrire à M. le Ministre pour appuyer une demande que fait Mme Souchon d'un secours annuel.  Après discussion, et tout le monde étant de cet avis, il est décidé que le président écrira au nom du Bureau pour appuyer la-dite demande de Mme Souchon. »2

Demande de secours à laquelle le ministère répond favorablement dans le mois qui suit :

« M. le Ministre de l'Instruction publique informe le Bureau qu'il a accordé à Mme Vve Souchon une somme de 250fr à titre de secours extraordinaire. »3

Ce secours annuel « extraordinaire » de 250 francs octroyé à Madame veuve Souchon sera reconduit au moins jusqu’en 1918, avec l’approbation unanime des membres du Bureau des longitudes4.

 

1. PV BDL 11 octobre 1882.

2. PV BDL, 21 février 1906.

3. PV BDL, 14 mars 1906.

4. La dernière mention de l’octroi de cette pension est attestée au PV du 20 mars 1918.

Citation du texte: Guy Boistel, “Souchon, Abel,” La connaissance des temps, consulté le 28 mars 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/805.