Roche, Henri-Eumène
Né à Surgères le 11 novembre 1831
Mort à Paris en janvier 1894
Un calculateur de 1ère classe (trop) discret…
D’Henri-Eumène Roche, on ne sait pas grand-chose et c’est regrettable car Roche est recruté par Loewy en 1875 avec Léopold Schulhof pour renouveler l’équipe des calculateurs que Loewy juge inadaptée et parfois aux limites de l’incompétence… Roche devait donc se trouver déjà dans la sphère du Bureau, aspiré peut-être par son collègue de St-Cyr, Jean-Baptiste Picqué.
Henri-Eumène Roche est né à Surgères en Charente-Inférieure. Sa carrière militaire peut être reconstituée, en partie seulement, grâce à l’Annuaire militaire1 et à son dossier personnel conservé dans les archives du Bureau à l’Institut. Entré à l’École militaire spéciale de Saint-Cyr en novembre 1850, il en sort Lieutenant d’infanterie en octobre 1852. On sait qu’il a été élevé au grade de Capitaine d’infanterie de 57e Ligne, le 24 décembre 1866. En 1866, il est en garnison à Constantine puis change de régiment en 1869. Il démissionne de l’Armée en juillet 1871 sans avoir reçu de décoration2.
Sa carrière de calculateur au BDL est la suivante. Roche entre comme calculateur auxiliaire en mars 1874 aux côtés de Schulhof ; ils sont tous deux payés 2 francs l’heure, qui constitue alors le plus haut tarif attribué aux auxiliaires, et ce qui témoigne de la grande confiance que Loewy place en ces deux calculateurs. En 1877, il est nommé calculateur titulaire et payé 2500 francs par an3. En 1879, Roche est proposé par Faye et Loewy pour être décoré Officier d’Académie4. Il devient calculateur de 2e classe lorsque le « Service des calculs » est créé en 1881 ; il est payé alors 4000 francs. Il est promu à la 1ère classe en janvier 1885 (payé 5000 puis 6500 francs en 1893). Roche apparaît comme un calculateur de premier plan dans le dispositif mis en place par Loewy à partir de 1875. Calculateur très discret, les archives restent pratiquement muettes quant à sa trajectoire au sein du Service des calculs. Il s’était marié à Marie Louise Filliat le 29 juillet 1880. Au Bureau des calculs, Roche assure l’exécution et la vérification des calculs de la CDT et de l’Annuaire ; en outre il est chargé de la vérification des épreuves d’imprimerie. Il s’occupe aussi du calcul des éclipses, des occultations, de plusieurs éphémérides annuelles d’opposition de petites planètes, notamment de l’astéroïde 125-Liberatrix et de la rectification de son orbite publiée par le Berliner Jahrbuch.
Roche est resté en contact avec son corps d’Armée d’origine ; son dossier personnel nous apprend que parallèlement à ses travaux pour le Bureau, il donnait des cours aux sous-officiers des écoles régimentaires, de fortifications, d’art militaire et de topographie pour les officiers.
En 1883, Roche est proposé à la Légion d’honneur et connaît un premier refus5. Une nouvelle présentation pour la Légion d’honneur pour Roche et Schulhof est faite le 28 novembre 1883 ; ce sera un second échec pour Roche, dont il nous est impossible de déterminer les raisons. Pourtant Roche devient un élément central du Bureau des calculs. En 1884, Loewy confie à Roche et à Schulhof la tâche de donner des conférences sur les calculs pour le recrutement des nouveaux calculateurs6. Il sera encore proposé en vain à la Légion d’honneur en 1891-92 (LH/3256). En 1888, Roche est fait Officier de l’Instruction publique7. Il reçoit une nouvelle promotion en 1893 : il est promu calculateur de 1e classe à 5.500 francs dans la nouvelle organisation arrêtée par le Ministère.
Il n’en profite pas longtemps ; il décède le 28 décembre 1893 à l’âge de 63 ans. C’est le calculateur Bellefontaine qui en informe le Bureau par télégramme. À la séance de rentrée du 3 janvier 1894, le Bureau loue les services rendus au Bureau par Roche. Un secours de 300 francs est accordé à sa Veuve. Le 19 septembre 1894, un notaire écrit au BDL précisant que la pension de la veuve d’Henri-Eumène Roche n’est que de 800 francs ce qui lui paraît insuffisant. Plusieurs bordereaux attestent que la Veuve Roche recevra une somme de 300 francs prélevés sur les fonds de la Ville de Paris et de 200 francs provenant du ministère de l’Instruction publique8.
Pour des raisons budgétaires et un refus ministériel, Roche n’est pas tout de suite remplacé en 1894. Il faut attendre 1898 pour voir Rocques-Desvallées occuper son poste comme calculateur de 1ère classe (PV 19/10/1898).
1. Annuaire militaire, année 1870, 1/31, H.-E. Roche, 299 et 490.
2. LH / 3256 (7 pièces), base LEONORE.
3. PV BDL des 4 juillet 1877 et 1er août 1877.
4. PV BDL des 18 juin 1879 et 22 octobre 1879.
5. PV BDL, 13 juin 1883.
6. PV BDL, 16 janvier 1884.
7. PV BDL, 5 décembre 1888.
8. Archives non publiques inédites du Bureau des longitudes, 1894.
Citation du texte: Guy Boistel , “Roche, Henri-Eumène,” La connaissance des temps, consulté le 21 novembre 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/793.