Liouville, Joseph

Né à Saint-Omer (Pas-de-Calais) le 1809

Mort le 1882

Né à Saint-Omer (Pas-de-Calais) où son père est militaire, Joseph Liouville passe l’essentiel de sa jeunesse dans une autre ville de garnison, Toul, avant d’intégrer l’École polytechnique en 1825. A sa sortie, il opte pour la voie académique, enseigne à l’X et multiplie les travaux mathématiques qui attirent les regards de la communauté européenne.
En 1836, il fonde le Journal de mathématiques pures et appliquées – souvent nommé Journal de Liouville, où il accueille les contributions des plus grands.
Elu à l’Académie des sciences, dans la classe d’astronomie, en 1839, il accède au Bureau des longitudes à titre de « géomètre » en 1840. Membre assidu, Liouville présente au Bureau des mémoires de mécanique céleste, comme par exemple « Sur un cas particulier du problème des trois corps » qui paraît dans les additions de la Connaissance des temps pour 1845. Il favorise également la carrière d’élèves prometteurs de l’École polytechnique. Il met ainsi le pied à l’étrier à Urbain Le Verrier, Charles Delaunay et Hervé Faye, incitant les deux premiers à se pencher sur les perturbations d’Uranus. Quant au troisième, sa bonne connaissance de la langue allemande en fait le traducteur tout indiqué des ouvrages des astronomes allemands au profit du Bureau, mais aussi du Journal de Liouville.
Mais très vite, Liouville est déçu par son premier « poulain » Le Verrier qui multiplie les escarmouches dès son accession au Bureau en 1846. La déception de Liouville se change en colère lors de la prise de pouvoir du découvreur de Neptune sur l’Observatoire en 1854 et la séparation d’avec le Bureau des longitudes. Liouville mène alors la fronde aux côtés de Claude-Louis Mathieu, Ernest Laugier et Charles Delaunay, défendant sans relâche le Bureau contre les attaques de Le Verrier. Il soutient les publications du Bureau contre les flèches décochées par Le Verrier à l’Académie des sciences en 1860.
Lorsque le ministre de l’Instruction publique Victor Duruy décide de réunir, pour la première fois en 1867, la commission de contrôle de l’Observatoire prévue par les statuts de 1854, Liouville est naturellement appelé à y siéger aux côtés de Delaunay, en dépit de l’opposition virulente de Le Verrier. En conséquence, Liouville est l’un des artisans de la réforme de 1868 qui réduit le pouvoir du directeur de l’Observatoire. En 1870, il ne manque pas de se réjouir de la destitution de ce dernier. La pause est de courte durée puisque le successeur Delaunay décède accidentellement en 1872. Pendant le second règne de Le Verrier, Liouville reprend son bâton de pèlerin pour combattre les abus de pouvoir de celui que l’on surnomme « l’homme au trident ». Liouville survivra à son ennemi pendant cinq ans…


Citation du texte: Colette Le Lay, “Liouville, Joseph,” La connaissance des temps, consulté le 19 avril 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/582.