Perrotin, Henri-Joseph-Anastase

Né à Saint-Loup, Tarn et Garonne le 19 décembre 1845

Mort à Nice le 29 février 1904

Joseph Perrotin est né à Saint-Loup (Tarn-et-Garonne). Son père était employé des télégraphes. Il fit ses études au Lycée de Pau. Il obtint une licence de mathématiques en 1870 et une licence de physique en 1871 ; il devint aspirant répétiteur au Lycée d’Agen (1866-1870), puis maître répétiteur au Lycée de Toulouse (1870-1872)1.

Entré à l’observatoire de Toulouse le 15 juin 1873 comme chargé des fonctions d’aide-astronome, il s’y éleva rapidement grâce à l’ingéniosité et à la rigueur de ses observations, étant nommé astronome le 11 août 1874, puis astronome adjoint le 24 janvier 1879. Il soutint cette année-là, le 6 février, à Paris une thèse de doctorat préparée sous la direction de Tisserand : Théorie de Vesta. Il fut alors calculateur auxiliaire pour la CDT au Bureau des longitudes quelques mois.

Lorsque Bischoffsheim créa en 1880 l'observatoire de Nice, il appela Perrotin à sa direction2. Son nom avait déjà été évoqué lors de la séance du BDL du 2 juillet 1879. Le BDL fait même en sorte qu’il ne perde pas ses droits à la retraite dans cette nomination :

« Proposition de faire une demande pour M. Perrotin pour qu'il lui soit fait un traitement, par l'Université, afin qu'il ne perde pas ses droits à la retraite, d'une valeur même de 200 francs quand il prendra ses fonctions de directeur de l'Observatoire Bis., et par conséquent quittera ses travaux du bureau des longitudes, auquel il est attaché. »3

Le 4 février 1880, le Bureau prend connaissance d’une « Lettre du Ministre de l'Instruction publique qui nous annonce que sur notre proposition M. Perrotin a été attaché aux calculs de la Connaissance des Temps avec un traitement de 300f». Durant l’année 1880, Perrotin effectue à la demande du Bureau, un voyage pour visiter des observatoires étrangers et voir ce qu’il s’y fait ; il en rend compte à la séance du 4 août 1880.

Benjamin Baillaud écrivait en 1932 à propos de l'observatoire de Nice dans un document resté inédit : 

« […] le tout appartenait à Bischoffsheim, banquier millionnaire qui, tenant à la beauté, s'était adressé à Garnier, l'architecte de l'Opéra ! On dépensa cinq millions : quatre pour les bâtiments, un pour les instruments. Ces instruments étaient la copie agrandie de ceux qui existaient ailleurs. Or c'était l'époque où la physique s'introduisait dans l'astronomie. Il eut fallu un directeur instruit en physique comme en mathématiques, ayant assez de jugement pour prévoir l'avenir et d'autorité pour en imposer à l'architecte et au mécène. Ce n'était pas le cas de Perrotin ».

À Nice, Perrotin conçut, exécuta ou fit exécuter de nombreux travaux : mesures d'étoiles doubles, observations de planètes et de nébuleuses, spectre solaire, découvertes de comètes (P/Tuttle 1885 IV, P/Faye 1888 IV, P/Encke 1895 I) et de petites planètes (138)Tolosa (1874), (149)Medusa (1875), (163)Erigone (1876), (170)Maria (1877), (180)Garumna (1878), (252)Clémentina (1885). Il effectua, en 1902, en collaboration avec Prim, et sous la direction scientifique de Cornu, sur le trajet aller et retour (92 km) Mont Gros -Mont Vinaigre, par la méthode de la roue dentée imaginée par Fizeau en 1849, une détermination de la vitesse de la lumière célèbre par sa précision. La valeur qu'il obtint (299901±84 km/sec) fut pendant plus de trente ans la plus précise mesurée. Perrotin crut pouvoir conclure de ses observations de la planète Vénus que sa période de rotation est comprise entre 195 et 225 jours4.

Il fut désigné par l'Académie des sciences pour diriger l'une des huit expéditions qui furent envoyées en Amérique pour l'observation du passage de Vénus du 6 décembre 1882. Il se rendit sur les bords du Rio Negro à Carmen de Patagones. Il reçut la Légion d’honneur en 1890 sur proposition d’Hervé Faye au nom du Bureau des longitudes5.

Il sollicita en 1896 un poste d’astronome titulaire à l’observatoire de Meudon pour préserver ses droits à la retraite. Nommé le 4 novembre, il démissionna le 30 mai 1897 pour reprendre la direction de l’observatoire de Nice de peur qu’elle ne soit confiée à un étranger.

Il a publié : Visites à divers observatoires d'Europe. Notes de voyage (Gauthier-Villars, 1881), à la suite du voyage de trois mois effectué en 1880, dans les observatoires européens, sur l'offre de Bischoffsheim. Son nom a été donné à une petite planète : (1515)Perrotin, découverte en 1936 par Patry à Nice.

Joseph Perrotin est mort subitement à Nice le 29 février 1904.

 

2. Le Guet-Tully, Françoise, 2007, « L’Observatoire de Bischoffsheim », Sourgentin, revue culturelle bilingue français-nissart, 2007, n° 177, 26-27. Ibid., 2011, « Pourquoi un observatoire astronomique à Nice ? », in De La Noë J., Soubiran C. (éds.), La (re)fondation des observatoires astronomiques sous la IIIe République […], Presses universitaires de Bordeaux, 253-276. Voir aussi : https://www.oca.eu/fr/histoire-et-patrimoine/presentation/histoire.

3. PV BDL, 14 janvier 1880.

4. La question de la période de rotation de Vénus est un problème complexe qui ne sera résolu qu’en 1962. Voir par exemple : R. M. Goldstein, R. L. Carpenter, 1963, « Rotation of Venus : Period Estimated from Radar Measurements », Science, vol. 139, 08 March 1963, 910-911.

5. PV BDL, 29 mai 1889. Dossier Légion d’honneur LH/2115/9, base LEONORE.

Citation du texte: Jean-Louis Simon et Guy Boistel, “Perrotin, Henri-Joseph-Anastase,” La connaissance des temps, consulté le 16 avril 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/577.