Coniel, Charles Augustin

Né le 2 novembre 1879

Mort le 1922

Calculateur titulaire révoqué pour absences répétées.

Charles Coniel est né le 2 novembre 1879 à Montrouge (Hauts-de-Seine). Il était le fils aîné de Jean-Joseph Coniel (calculateur de 1ère classe) et de Désirée Clémentine Douren. Il est entré comme calculateur auxiliaire au Bureau des longitudes le 11 mars 1899 (il est payé 1,35f l’heure de calcul en 1893). Candidat en février 1909 à une place vacante de calculateur, il est titularisé à la 3e classe le 1er janvier 1909. Le 11 mai 1910, Bigourdan le note : « M. Charles Coniel est un employé exact et consciencieux ; il peut devenir avec du travail un bon calculateur : il continue d’ailleurs à faire quelques progrès »1.

Durant le conflit, ses absences répétées mettent en péril le travail du service des calculs en raison de la mobilisation d’un quart des calculateurs. Il est temporairement remplacé par Ernest Maubant et Abel Pourteau, d’abord auxiliaires puis aides-astronomes de l’observatoire de Paris2.

 

 

 

Sa révocation va prendre du temps. Le 25 avril 1917 Andoyer est exaspéré et « fait observer qu’à l’expiration de son [nouveau] congé, M. [Ch.] Coniel devra reprendre son travail d’une façon effective ». Le 9 janvier 1918, Henri Andoyer précise au Bureau : « … le cas de M. Coniel, calculateur, que son état de santé précaire empêche de travailler…Il est décidé que cet agent sera convoqué pour la prochaine séance »3. Mais malgré la bienveillance du Bureau4, ces absences répétées alourdissent le travail du Bureau des calculs. Le 16 janvier 1918 Charles Coniel est appelé à s’expliquer :

« M. Coniel, calculateur, est appelé devant le Bureau. M. Andoyer signale que le relevé des travaux faits par cet agent montre un rendement tout-à-fait insuffisant ; cette situation ne peut durer. Sans doute l’état de santé de M. Coniel laisse à désirer ; il est nécessaire toutefois qu’une solution soit prise à bref délai. M. Coniel répond que son médecin lui a prescrit de ne pas reprendre son service ; mais que ses ressources ne lui permettent pas de se passer de son traitement. Il est donc revenu au Bureau des calculs ; mais tout travail est pour lui une souffrance. Dans ces conditions il va demander un congé sans solde à partir du 1er février prochain. M. le Président, en l'assurant de toute la sollicitude du Bureau pour sa santé, prend acte de ce qu'il vient de dire et l'engage à lui adresser, le plus tôt possible, sa demande de mise en congé à partir du 1er Février. »

Puis Coniel va de congé sans solde à congé sans solde puis de congé renouvelé pour son état de santé5. Le directeur de l’Enseignement supérieur en personne explique au Président du Bureau que :

« même en l’absence d’un régime disciplinaire particulier, l’administration n’est pas désarmée vis-à-vis d’un fonctionnaire qui comme M. Coniel, donne lieu à des plaintes graves et ne tient pas compte des remontrances qui lui sont adressées […] S’il ne s’amende pas, je n’hésiterai pas à prendre contre lui des sanctions. »6

Le 23 février 1920, Charles Coniel écrit au Président du Bureau : « Je vais reprendre mon service. Je serai exact dans mon travail comme dans la présence afin de vous donner toute satisfaction désirant conserver mon emploi. » Il donne une explication à ses absences : « Depuis le début du mois, j’étais alité par suite d’hémorragies des yeux très fortes ; actuellement j’ai encore des vomissements et je crache le sang, suite d’une grippe contractée il y a deux mois. J’espère faire le nécessaire pour vous satisfaire ainsi que mes chefs ».

 

 

 

Mais le 7 juillet, Rocques-Desvallées, chef du Bureau des calculs, signale

« que M. Coniel calculateur n’a fait qu’un travail insignifiant depuis le commencement de l’année courante malgré l’avertissement ministériel qui lui a été donné le 20 février dernier. Cet état de choses est très préjudiciable à la marche des travaux du Bureau des calculs et peut avoir aussi une influence fâcheuse sur le personnel ».

Les dés sont jetés. Le Bureau décide du retrait d’emploi le 8 septembre 1920 : « Avant de soumettre une proposition dans ce sens, M. le Président propose de convoquer M. Coniel de lui exposer la situation et de tâcher de l’amener à donner sa démission »7. Le 22 décembre, l’Amiral Fournier espère que l’on pourra envoyer M. Coniel dans un sanatorium. Le 16 novembre 1921, après avoir pris l’avis de Desvallées, Andoyer souligne « l’insuffisance notoire » du travail de Charles Coniel et « en l’absence d’un conseil de discipline et vu les nombreux avertissements déjà adressés à M. Coniel, M. le général Bourgeois propose de demander la révocation de ce fonctionnaire » que le Bureau adopte aussitôt.

Le 21 décembre 1921, Charles Coniel s’explique : « … La maladie seule en est la cause. Atteint d’un mal de Pott8 m’ayant occasionné des lésions nerveuses que je ressens fréquemment de tuberculose osseuse … ». Dès le 15 avril 1919, le docteur Gastinel avait établi un certificat médical à la demande du Président du BDL : « Je, soussigné, certifie que … M. Coniel … présente un mal de Pott ayant déterminé des lésions du système nerveux »9.

Le 11 février 1922, le ministre de l’Instruction publique écrit au président du Bureau des Longitudes :

« Par rapport en date du 1er février, vous m’avez fait savoir que, malgré l’avis formel qui lui a été donné le 18 décembre dernier, M. Coniel, calculateur au Bureau des Longitudes, n’a fait aucune apparition à son service dans le courant de janvier et qu’il s’est contenté de passer le 31 pour recevoir son traitement […] J’estime qu’il y a lieu de donner suite à la proposition de révocation que vous m’avez transmise ».

Décidément l’administration centrale ne facilite pas les choses au Bureau puisque le ministère précise que « conformément à la loi du 22 avril 1905, je vous serai obligé d’inviter ce fonctionnaire à prendre connaissance de son dossier, qui comprend cent pièces. Vous voudrez bien me le retourner avec une note de M. Coniel indiquant qu’il en a pris connaissance »10.

 

1. Sources : Archives inédites du BDL à l’Institut, dossier Ch. Coniel ; AN, F17.25672 ; Dict. Ph Véron.

2. PV BDL, 4 novembre 1914. Voir leurs notices par Ph. Véron dans son dictionnaire des astronomes.

3. PV BDL, 9 janvier 1918 ?

4. PV BDL du 9 mai 1917 : Coniel touche son traitement intégral pendant ses congés pour raisons de santé. En 1916, il touche 2700 francs annuels plus 1200 francs d’indemnité de résidence, soit près de 4000 francs annuels.

5. Par exemple, PV BDL des 1er mai 1918 et 26 mars 1919, puis 1920 et 1921.

6. Archives inédites du BDL, lettre du ministère de l’Instruction publique au BDL, Paris, 29 janvier 1920, Dossier Coniel.

7. PV BDL, 8 septembre 1920.

8. Le mal de Pott est une forme de tuberculose qui atteint les disques intervertébraux.

9. PV BDL, 5 mars 1919.

10. Archives inédites du BDL, Dossier Ch. Coniel, lettre du 11 février 1922, du ministère au BDL.

Citation du texte: Guy Boistel, “Coniel, Charles Augustin,” La connaissance des temps, consulté le 25 avril 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/507.