Claude, Auguste-François

Né le 30 décembre 1858

Mort le 15 juillet 1938

Auguste-François Claude est né à Strasbourg. Son père était employé à la manufacture des tabacs. Après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1871, lorsqu’il fut en âge de le faire, en 1876, il choisit la nationalité française et immigra en France. Il prépara l’examen d’entrée à l’École centrale, mais il dut y renoncer pour des raisons financières. En 1879-1880, il fut dessinateur dans l’industrie, puis il fit son service militaire (1880-1885), et entra au Bureau des longitudes comme calculateur auxiliaire le 8 septembre 1884 : toute sa carrière s’est déroulée à l’observatoire du Bureau des longitudes dans le parc de Montsouris à Paris. Il fut nommé calculateur auxiliaire en 1884 ; promu calculateur de 3e classe en 1898. Pendant ces années, il est l’un des plus fidèles assistants d’Émile Guyou à l’Observatoire de Montsouris, poursuivant l’action de formation des voyageurs et explorateurs géographes coloniaux initié par Mouchez et Trépied. Le 15 septembre 1897, Émile Guyou souligne combien est importante l’action de Claude à cet égard :

« M. Guyou remet au Bureau la liste des voyageurs et des officiers, étrangers à la marine, qui ont suivi les cours pratiques de l'observatoire de Montsouris. Il signale en particulier M. Claude, calculateur du Bureau, qui a rendu de grands services par le concours qu'il a prêté à cette instruction. ».

En 1897, Claude est payé 1,45f de l’heure pour ses calculs et a touché plus de 3400 francs. Il est promu calculateur de 3e classe en 1898, remplaçant Bellefontaine, décédé. Le 30 août 1899 il reçoit les palmes académiques sur proposition du Bureau pour services rendus.

 

 

C’est à cette époque qu’il se consacra à l’amélioration des techniques utilisées par le Bureau des longitudes pour les opérations dont il avait la responsabilité : transmissions de signaux par téléphone et radio-télégraphe et mesures du temps de passage et de la hauteur des étoiles. Il est l’un des inventeurs, en 1899, de l’astrolabe à prisme — ou autrement appelé instrument des hauteurs égales— qui fut réalisé par la Maison Vion frères créée en 1832 par Th. Vion père. Les premiers résultats, publiés en 1900, incitèrent Driencourt à collaborer avec Claude pour perfectionner cet instrument et l’adapter aux besoins de la géodésie. Claude et Driencourt publièrent ensemble : Description et usage de l’astrolabe à prisme (Gauthier-Villars, Paris, 1910). Un nouveau modèle fut construit en 1923 par la Société d’Optique et de Mécanique de haute précision1. L’astrolabe impersonnel que Danjon construisit en 1938 est basé sur le même principe.

Le 22 janvier 1902, Guyou témoigne de l’importance des travaux instrumentaux de Claude :

« M. le Ct Guyou présente au Bureau un sextant muni du gyroscope de l'amiral Fleuriais. L'appareil a reçu plusieurs perfectionnements dûs en partie à M. Claude. Actuellement il a pris une forme très pratique. La toupie est mise en mouvement par un jet d'air dû à l'action d'une pompe aspirante. La même pompe fait ensuite le vide dans la boîte qui construit le gyroscope. Le collimateur est muni de plusieurs fentes lumineuses, éclairées par une petite lampe électrique. Le mouvement de précession de la toupie a une durée d'environ 3 minutes. M. Guyou indique les petites corrections à faire en fonction de la latitude de l'azimuth et de la précession. Il se propose d'étudier cet appareil d'abord à Montsouris, ensuite en mer. Il y aurait grande importance à pouvoir s'en servir pour mesurer des hauteurs d'étoiles. ».

Claude est un élément des plus importants de l’Observatoire de Montsouris qui peut difficilement fonctionner sans lui, alors que le ministre de la Marine retire sa participation au fonctionnement de l’observatoire de Montsouris (3.000 francs) :

« Aujourd'hui, en effet l'observatoire de Montsouris est devenu l'École pratique d'Astronomie à laquelle viennent s'instruire et s'exercer les voyageurs ainsi que les personnes qui désirent se consacrer à l'astronomie. Notre établissement est le seul qui soit convenablement organisé pour ce genre d'études. La fermeture créerait donc une lacune très regrettable ; j'espère qu'il sera possible de l'éviter de la manière suivante : Le personnel enseignant se compose de M. Bigourdan astronome titulaire de l'Observatoire de Paris professeur, et de M. Claude professeur adjoint, instructeur pratique. La conservation de ce personnel est strictement indispensable, j'ajouterai que les indemnités de 1500 francs allouées à chacun d'eux est un minimum qui ne peut être réduit. Il est nécessaire en outre qu'il y ait à l'Observatoire, en permanence, une personne sûre pour veiller sur les instruments, pour répondre aux visiteurs intéressés, etc… Autrefois c'était un retraité de la marine qui remplissait cet office comme Secrétaire du Directeur. – Nous n'avons plus aujourd'hui le moyen de payer un secrétaire spécial, mais on pourrait confier cet emploi à M. Claude en le logeant à l'Observatoire même. »2

Et la situation est difficile : Claude porte presque à bout de bras l’observatoire de Montsouris et doit assurer ses calculs pour la CDT ; Émile Guyou prend sa défense :

« M. le commandant Guyou demande alors au Bureau de prendre en considération la situation difficile de M. Claude, qui, forcé de donner une partie de son temps à l'observatoire de Montsouris, peut se trouver en retard pour les travaux qu'il doit fournir comme calculateur. Après quelques explications données par M. Loewy, M. Darboux propose au Bureau de décider qu'il sera tenu compte à M. Claude, dans une certaine mesure, des services qu'il rend à l'observatoire de Montsouris. Cette proposition est adoptée. »3

Les discussions concernant l’amélioration possible de la situation d’Auguste Claude, partagé entre Montsouris et ses travaux pour la CDT qui prennent du retard, traînent tout au long des années 1903 à 1905. Pourtant, les mérites de son astrolabe ne cessent d’être loués et Claude se lance dans des études sur la détermination électrique des longitudes à l’aide de la TSF, faisant de l’observatoire de Montsouris un nouveau terrain d’expérimentations4.

Souchon décède au début de Janvier 1906, et le 24 janvier 1906, le Bureau discute de sa succession :

« M. le président propose ensuite d'étudier la question du remplacement de M. Souchon, membre adjoint décédé. M. Loewy rappelle que le bureau des calculs a perdu une somme assez élevée du fait que M. Claude a cessé de calculer pour la Connaissance des Temps. M. le Ct Guyou ayant proposé M. Claude pour remplacer M. Souchon, il a été entendu que, si M. Claude était nommé, il serait chargé, comme membre adjoint, du service de l'enseignement, des observations et des calculs à l'Observatoire du Bureau des Longitudes, ainsi que des services administratifs de cet établissement, le tout sous les ordres du membre du Bureau chargé de la Direction. Quant au traitement de M. Claude, qui est actuellement de 2700f, (dont 2200f sur le Budget du Bureau et de 500f sur la subvention de la Ville de Paris), il serait porté à 3000f traitement régulier de membre adjoint, et M. Guyou verserait pour les calculs la somme de 500f pris sur la subvention de la Ville de Paris. M. Loewy se déclarant satisfait de cet arrangement, le président propose au Bureau de passer à la nomination du membre adjoint : dans ces conditions et à l'unanimité il est décidé que M. Claude sera proposé à la nomination du Ministre de l'Instruction publique comme membre adjoint du Bureau des Longitudes. »

Claude est finalement élu membre adjoint le 3 février 1906, en remplacement de Abel Souchon. Le 14 février suivant, le Bureau choisit Mme Marie-Henriette Domer pour remplacer Auguste Claude comme calculateur de 3e classe, faisant entrer la seconde femme au Bureau des calculs du BDL (la précédente étant Mme Zoé-Louise Schmid).

Claude désigné sous-directeur le 20 août 1910 et enfin directeur de l’observatoire de Montsouris en 1929, succédant ainsi à l’amiral Fournier. Le 25 mai 1910, il était noté : « M. Claude, chargé du matériel de notre observatoire du parc de Montsouris, s’occupe en outre avec zèle et compétence de l’instruction astronomique des explorateurs coloniaux ».

Auguste Claude est mort à Paris le 15 juillet 1938. Il avait été laissé en fonctions bien qu’ayant dépassé l’âge de mise à la retraite.

 

 

1. Revue d’Optique 2, 248, 1923.

2. PV BDL, 19 mars 1902.

3. PV BDL, 16 décembre 1903.

4. Boistel, G., 2010, L’observatoire de la Marine et du Bureau des longitudes au parc Montsouris, 1875-1914, Paris, E-Dite/IMCCE. URL : https://www.imcce.fr/content/medias/publications/ouvrages-pour-tous/Boistel_Ebook.pdf.

Citation du texte: Guy Boistel, “Claude, Auguste-François,” La connaissance des temps, consulté le 19 avril 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/503.