Bossert, Joseph

Né le 30 novembre 1851

Mort le 22 juin 1906

Double carrière de calculateur pour l’observatoire de Paris et pour le Bureau des longitudes.

Joseph Bossert est né à Blandy (Seine-et-Marne), dans une famille modeste ; son père était cordonnier. Il entra à l’observatoire de Paris le 19 Août 1867, à l’âge de 15 ans comme aide temporaire. Il fut affecté au Bureau des calculs alors dirigé par Gaillot ; il ne l’a jamais quitté.

En décembre 1870, pendant le conflit, Bossert est, selon les états établis par Urbain Le Verrier, « présent à Paris, n’a pas vingt ans. Délégué provisoirement comme employé à la mairie du 14e arrondissement (d’après la demande qui en a été faite par le maire au Directeur de l’Observatoire »1. Il fut nommé calculateur le 1er juillet 1872 et fut dès lors, aussi calculateur auxiliaire pour les tables de la Lune de Delaunay pour le Bureau des longitudes, coopté par Maurice Loewy. Il devient aide-astronome de 1ère classe en 1874 payé 2500 francs puis 3000 francs en 1877 : le Verrier souhaite le garder :

« [M. Bossert] a été le plus utile auxiliaire du service des calculs dans la révision des observations arriérées comme dans la discussion des observations courantes. Il a pris également une part active aux travaux préparatoires du Catalogue des étoiles observées à Paris, et il est pour beaucoup dans les progrès de cet important travail. »2

Il compléta d’abord son instruction puis, à partir de 1873, il calcula diverses orbites de petites planètes et de comètes. Il se lia avec Léopold Schulhof et tous deux entreprirent la théorie de la comète découverte à Marseille par Pons en 1812 (P/Pons-Brooks), et dont Encke avait fixé la période à 70,7 ± 7 ans. Schulhof et Bossert reprirent ce calcul en déterminant avec le plus grand soin les positions des étoiles de comparaison et en utilisant des observations qui étaient restées inconnues à Encke ; ils fixèrent ainsi la durée de révolution à 73,2 ans ; la comète fut retrouvée par Brooks le 1er septembre 1883, et sa période se trouva être égale à 72,6 ans, ne différent que de sept mois de la valeur qu’ils avaient calculée et cela bien que, en 1812, la comète n’ait été observée que pendant six mois3. En 1880, Bossert avait également entrepris de calculer l’orbite de la comète P/Tempel-Swift 1869 III découverte par Tempel à Marseille le 7 novembre 1869 et soupçonnée alors d’avoir une courte période, puis retrouvée par Swift le 11 octobre 1880. Avec Schulhof, Bossert reconnut d’abord que la comète était revenue en 1875, puis il relia les apparitions de 1869 et de 1880, après quoi il put calculer les suivantes (1886, 1891, 1897, 1903). La comète fut retrouvée en 1891 (1891 V) ; depuis elle n’a été revue qu’en 1908. Sa période vaut 5,68 ans. Quand, vers 1880, Mouchez se préoccupa de coordonner les 300 000 observations méridiennes accumulées à l’Observatoire de Paris depuis plus de 40 ans, Gaillot, chargé de cette œuvre énorme, en confia une bonne partie à Bossert qui dès lors consacra le meilleur de son activité à former ce qui est devenu le catalogue de Paris. Ce travail lui permit de découvrir beaucoup de mouvements propres ; il réunit, en 1890, en un catalogue de 2641 étoiles, toutes celles qui ont un mouvement propre sensible4. En 1891, il reprend les tables du Cadastre et de Callet des logarithmes à 5 décimales dans lesquelles le Commandant Defforges du Service géographique des Armées n’a trouvé aucune faute5. En 1897, pour le Bureau, Bossert est payé à l’heure (il y a le statut d’auxiliaire, ne pouvant être titularisé sur deux postes) et a touché 1600 francs pour ses calculs. Enfin, Joseph Bossert a aussi calculé pour Antoine d’Abbadie pour des travaux menés à l’observatoire d’Abbadia à Hendaye, de 1873 à 18976.

Sa carrière à l’Observatoire s’établit ainsi : il fut nommé successivement aide-astronome le 1er juillet 1874, astronome adjoint le 1er janvier 1879 et, enfin, le 1er janvier 1904, astronome titulaire en remplacement de Prosper Henry. Il fut chef adjoint, puis chef du Bureau des calculs. Il n’a jamais cessé sa contribution aux calculs de la CDT et des tables publiées par le Bureau des longitudes. En 1887, il est membre fondateur de la Société astronomique de France (aux côtés de Charles Trépied).

Joseph Bossert est mort le 22 juin 1906 dans sa maison de Milly-la-Forêt (Essonne), après deux mois de maladie.

 

1. AN, F17.3724.

2. AN, F17.3724.

3. PV BDL, 17 octobre 1883.

4. PV BDL, 30 avril 1890.

5. PV BDL, 4 février 1891.

6. Soulu, Fréderic, 2011, « D'un observatoire à une station d'observation : Abbadia (1858-1975) », in De la Noë J. et Soubiran C. (dir.), 2011, La (re)fondation des observatoires astronomiques sous la IIIe République. Histoire contextuelle et perspectives actuelles, Presses universitaires de Bordeaux, 277-291.

Citation du texte: Guy Boistel, “Bossert, Joseph,” La connaissance des temps, consulté le 21 novembre 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/496.