Agel, (Joseph)- Louis
Calculateur retraité de l’Armée en 1867, et premier secrétaire-bibliothécaire-agent-comptable du Bureau des longitudes en septembre 1878.
De Louis Agel, nous ne connaissons que peu de choses, malheureusement. Louis Agel (il signe L.J. comme Louis-Joseph) — capitaine de ligne issu de Saint-Cyr et retraité de l’armée —, est entré comme calculateur auxiliaire pour la CDT et les tables de la Lune de Delaunay en 1867.
Comme nous l’expliquons dans la notice d’Ulysse Bouchet, les tensions qui naissent d’une confusion des tâches d’ordonnancement et de paiement des calculs aux calculateurs auxiliaires dans les années 1871-1877, ainsi que l’installation du Bureau dans un local du Palais de l’Institut, accélèrent dans les esprits des membres du Bureau, la nécessité de se doter d’un nouveau secrétaire-bibliothécaire-agent-comptable. Ce nouveau poste est créé en partie pour délester le responsable de la CDT et ses superviseurs des tâches de gestion de la caisse des calculs et éviter que ne se reproduisent à nouveau les évènements qui ont conduit à la révocation de six calculateurs entre 1875 et 1878. La question d’un « agent-comptable-bibliothécaire » est de nouveau posée lors de la séance du 9 octobre 1876 de manière d’autant plus sensible que le Bureau, désormais hébergé par l’Académie des sciences, se voit imposer un nouveau cadre institutionnel l’obligeant à encore mieux réguler son budget, ne serait-ce que pour payer les factures de frais de fonctionnement (éclairage, chauffage, etc.) mutualisées avec l’Institut1.
Mais la discussion ne reprend pas avant le 15 mai 1878 où Breguet propose un candidat au poste d’agent-comptable.
« On remarque à cette occasion que les notices insérées dans l'Annuaire, devraient être revues à fond. Nous n'avons personne pour ce travail. M. Loewy qui a déjà la Connaissance des Temps à diriger, avec la composition de l'Annuaire, n'a pas le temps de faire le travail de la vérification des notices. Il faut absolument un employé destiné à ce travail. M. Breguet fait observer qu'il connait une personne très littéraire, qui ferait ce travail parfaitement. Il s'agirait d'en faire un agent comptable. Cette personne a été secrétaire de M. Renan et elle écrit fort bien. Son instruction est faite, en un mot il se recommande sous tous les rapports. M. Breguet se permet de le recommander à tous ses collègues ».]
Cette proposition reste lettre morte jusqu’aux séances des 3 juillet puis du 10 juillet 1878 au cours desquelles le Bureau relance la discussion sur la nomination d’un bibliothécaire-agent-comptable à l’occasion d’une candidature spontanée, celle de Jacques de Boisjolin employé de la Marine. Une commission est nommée et elle présente le 31 juillet 1878 une proposition de règlement qui doit être amendée et validée par le ministère, notamment concernant la gestion de la comptabilité du Bureau. Ce règlement avec les changements qui ont été faits par la comptabilité du ministère, est présenté par Loewy le 21 août 1878 ; les archives conservent trace de ce règlement imprimé.
Le Bureau peut enfin engager une procédure de désignation de son bibliothécaire-agent-comptable. Le 4 septembre 1878, « Ayant été convoqué par lettre, pour assister à cette séance où l'on devait nommer l'agent comptable, le Bureau [barré : malgré le peu de membres présents (5)] procède à la nomination. M. Agel, ancien officier et élève de l'École de St Cyr est élu2. » Sa nomination ministérielle, datée du 13 septembre (Figure 13), est validée par le Bureau le 18 septembre 1878 : « 4° Lettre du Ministre de l'instruction publique, qui transmet l'ampliation d'un arrêté par lequel M. Agel Louis est nommé Secrétaire Bibliothécaire du Bureau. »
Louis Agel connaît les calculateurs et le fonctionnement de la caisse des calculs. Il peut dès lors accompagner Maurice Loewy dans la première réforme du statut des calculateurs qui aboutit en 1881 à la création du « Service des calculs ». On voit toutefois, dans quelques états de paiements des calculs, le bibliothécaire-agent-comptable du Bureau Agel poursuivre encore ses activités de calculateur pour la CDT jusqu’en 1883.
Son départ à la retraite semble poser des problèmes financiers et administratifs. En effet, le 31 octobre 1883, « […] le Ministre demande au Bureau s'il y a lieu d'accorder à M. Agel un traitement annuel de 100f, pour lui conserver ses droits à la retraite ». Louis Agel semble être sans ressources ou tout du moins, avec des ressources très limitées, aussi sollicite-t-il le Bureau pour poursuivre son activité de calculateur. Le Bureau reçoit d’Agel en octobre 1884 une demande d’emploi aux calculs de la CDT, que le Bureau ne peut « prendre en considération »3. Mais le Bureau n’est pas insensible aux conditions de vie de ses anciens collaborateurs et fait suivre la demande. Le 22 octobre 1884, « Le Ministre informe le Bureau qu'il a accordé un traitement annuel de 100f à M. Agel, pendant la durée de son congé ; on envoie à M. Agel une copie de l'arrêté ». Quelques mois plus tard, lors de la séance du 10 juin 1885, le secrétaire lit une lettre :
« M. Agel, ancien secrétaire du Bureau, adresse une demande de secours, afin de pouvoir retourner dans son pays. On décide de lui accorder cent francs comme rémunération d’un travail de copie qui lui sera donné par M. Loewy. »4
Comme ses sommes doivent être validées par le ministère, la confirmation arrive début août suivant : « Le Bureau, sur la proposition de M. le Président, alloue une somme de cent vingt francs à M. Agel pour le travail qu'il a exécuté »5. Cela ne semble pas suffire. Au 25 novembre 1885, Agel fait encore appel à son ancien employeur : « M. Agel demande des travaux de calculs, pour 3 mois, afin d’arriver au moment de toucher sa pension de retraite. On décide, après discussion, de lui faire faire pendant 3 mois des calculs, à raison de 100f par mois ; mais il est bien entendu que c’est pour la dernière fois »6.
Puis Louis Agel ne se manifeste plus avant le 13 juin 1888 : « M. Faye dit que M. Agel lui a écrit pour demander encore des calculs. M. Tisserand en parlera avec M. Schulhof. » La réponse est négative puisqu’il n’est plus question d’Agel dans les procès-verbaux suivants. Sa date de décès n’est pas connue.
1. Archives inédites du Bureau des longitudes, Institut, factures « Matériel ».
2. La recherche de Louis Agel dans les diverses bases de données des anciens de l’École de St-Cyr que l’on trouve sur Internet, – certes très incomplètes pour des personnages « mineurs » –, est restée vaine jusqu’à présent.
3. PV BDL, 15 octobre 1884.
4. PV BDL, 10 juin 1885.
5. PV BDL, 12 août 1885.
6. PV BDL, 25 novembre 1885.
Citation du texte: Guy Boistel, “Agel, (Joseph)- Louis,” La connaissance des temps, consulté le 21 novembre 2024, https://cdt.imcce.fr/items/show/491.